ArboleSens
"Sur les chemins de l'Être" Itinérance d'un voyage intérieur

Les nuits folles au soleil de Katmandou


Le 31 Octobre, 

Quelle nuit merveilleuse. Pour la première fois, je paresse dans mon lit, les yeux grands ouverts. Dans un rythme doux rempli d'Amour et de joie, je débute ma méditation. J'ai bien l'intention de profiter pleinement de cette merveilleuse et dernière grande journée. Le soleil est présent, il ne pouvait en être autrement. 

Je descends lentement chacune des marches, afin de profiter pleinement de chaque mouvement, honorant alors l'instant présent. Dans la salle du petit déjeuner, je retrouve les mêmes gens, avec les mêmes sourires bienveillants. "Bonjour, ça va, merci"! me dit l'un des serveurs. Il me le répète chaque fois qu'il me voit, et cela depuis qu'il sait que je suis française. Prévisible mais tellement gentil. Puis vient à moi la grand-mère qui m'adresse son traditionnel Namaste, puis sa fille, puis la serveuse, et enfin Jenish. Quelques mots en anglais, et le voilà reparti vers d'autres clients. Je prends mon temps ce matin, je sais que mon agenda le permet (hi hi). 

Je remonte dans ma chambre vers 9h30 pour me préparer à dévaliser les boutiques népalaises. Soudain, le téléphone sur ma table de nuit se met à sonner. Je sais que c'est Jenish. Prévisible, lui aussi, et tout aussi gentil. Il me propose de monter sur la terrasse, il a environ 30 minutes devant lui, avant d'entamer son deuxième travail, à l'autre bout de la ville. Il travaille en tant que gérant dans une cafétériat d'un collège.

Je lui dis ok, après tout, rien ne presse. Je suis la première à arriver sur la terrasse fleurie et ensoleillée du matin. Ces quelques minutes me rappellent combien le temps m'est compté. La "Nostalgie" réapparaît dans ma poitrine. Mon regard photographie chaque chose qui m'entoure, chaque fleur, chaque instant. J'immortalise, je retiens tout ce qui pourrait s'échapper.

Jenish arrive. Je ne sais pas s'il se rend compte de cette légère tristesse qui me gagne. Lui, est enthousiasmé de voir ces photos. Il semble détailler chaque recoins de chaque image. Ca risque de prendre longtemps, j'ai pris 3000 photos. Nous avons choisi la facilité : google translate.

Cet outils est vraiment incroyable. Nous parlons, parlons, parlons. C'est étrange, j'ai l'impression que nous avons tellement de choses à nous dire, à partager. Mais les minutes passent vite, et il doit déjà  repartir. Il me propose de continuer ce soir après son service. J'avoue ne pas avoir hésité une seule seconde. J'ai bien sûr accepté. Ok pour aller boire un verre ce soir. Il est content, et je le suis aussi. 

Je reste quelques minutes encore sur cette terrasse, à profiter des rayons du soleil. Je fais le plein d'énergie avant de retrouver ma vie, ma routine, ma famille, mon homme et mes enfants...

Je retrouve alors ce dynamisme pour dévaliser les boutiques. J'ai l'impression que les rues de ce quartier me sont désormais familières. C'est bizarre cette sensation d'être à ce point à la bonne place. Je me laisse emportée par cette liberté de croire que je ne suis plus tout à fait étrangère à ce lieu. 

Je vais au grès du vent, au grès des rencontres. Je rentre dans des boutiques qui ne ressemblent en rien à nos magasins. J'y ressors avec des bols chantants, des toiles en coton sur lesquels de magnifiques mandalas sont dessinés. J'écoute les marchands de bonheurs qui se font appeler des "artistes" lorsqu'ils me témoignent leur Amour pour la France. Ils ne prononcent que quelques mots basiques dans ma langue maternelle, mais je me laisse volontairement séduire par ces mots. Je retrouve ma légèreté, mon insouciance, ma naïveté peut-être. Mais j'ai envie de penser que le monde est bon, accueillant et bienveillant.

Dans les rues de Thamel, je respire sans ce fichu masque. J'inspire à plein poumons toutes les odeurs, celles qui au début me dérangeaient. J'ai envie de faire une overdose de ce que je vis maintenant. Je ne prends plus de photos, j'enregistre dans ma tête. Je retrouve ma curiosité boulimique des grandes découvertes, et je frissonne à l'idée de m'écarter de cette sensation physique intense. 

J'aime cette rue, ces gens que je croise, ces chiens, la température de l'air sur mon visage. Quelle gratitude! Merci, merci, merci mon Dieu. 

Je rentre à l'hôtel les bras chargés, et le coeur lourd. La "to do list" népalaise s'amincie sérieusement. Je vis les derniers moments de magie, à la fois heureuse et tellement triste. Je ne parviens pas à faire mon sac, je verrai demain. Je vais plutôt méditer, écrire, contempler le temps qui défile sous mes yeux. 

Je parviens à rompre ma mélancolie, en pensant qu'il me reste encore une belle soirée à vivre. Je me booste, et me prépare. Je fais le bilan de ce que je peux porter demain à l'aéroport (vêtements que j'ai pris soin de laver à la main), et je me dis que ce soir, je risque d'enfiler des habits presque propres. Ok, tant pis. "Viens comme tu es Carole..."

A l'heure du dîner je descends à nouveau dans une lenteur que Bhim pourrait comprendre. Rituel oblige, je reprends la même place dans la salle à manger. Ce soir, je ne veux pas lire. Je veux être là, tout capter dans la profondeur, être présente à tous ces mouvements, aux gens qui m'entourent. Ce repas a une saveur toute particulière, je laisse infuser chaque aliment dans ma bouche, comme pour prolonger l'instant. 

Il est plus tard que d'habitude lorsque je remonte dans ma chambre. Jenish termine son service à 23h. Je ne sais pas si je vais pouvoir l'attendre sans m'endormir. J'en profite pour faire le tri dans mon sac, pour déjà entasser toutes mes affaires au milieu des bols et autres cadeaux destinés à ma famille. J'anticipe physiquement mon départ.

Le téléphone retentit, le "go" est lancé. J'enfile ma veste, et me voici en bas, avec lui. Il fait nuit, et je me prépare à vivre au rythme de la jeunesse népalaise. Jenish connaît tous les recoins de Katmandou. je me laisse guider avec confiance. Il me fait découvrir les bonnes adresses, des bars et boites de nuit où ont lieu des concerts. Enfin de la bonne musique anglaise!

Les places sont toutes occupées. Je ne vois aucun touriste dans les rues, seuls des jeunes locaux fêtant halloween. J'adore cette ambiance nocturne toute particulière. Il y a foule, et je tente de ne pas perdre de vue mon guide de ce soir. 

Au regard de la foule, nous décidons de quitter cet endroit. Nous trouvons rapidement un autre lieu bien plus calme. Les serveurs sont chics, et heureux de nous accueillir. Après avoir commander une bière locale, nous poursuivons notre conversation de ce matin, via google translate. Il me raconte sa vie, ses parents, sa fratrie, son travail. Il m'explique que son père est très vieux, et que par conséquent, il se doit de travailler pour subvenir aux besoins de toute la famille. Jenish a deux soeurs, en âge d'étudier. Il a également un frère, "handicapé". Lui, ne pourra jamais travailler. Je comprends que l'avenir de la famille repose entièrement sur ses épaules. Et pour cela, il faut travailler, jour et nuit. Au Népal, très peu de gens ont droit aux vacances. Le Samedi correspond à notre Dimanche. Mais pour lui, dans la restauration, le Samedi ressemble à tous les autres jours de la semaine. 

Son récit me retient dans un silence absolu. Jenish ne se plaint pas, au contraire il est heureux d'avoir un travail. Il a dû arrêter ses études à l'âge de 16 ans. Son rêve serait de les reprendre pour gagner plus d'argent, pour s'acheter sa propre maison, pour se marier avec une femme merveilleuse. Mais sa dernière petite amie l'a quitté, car, dit-il, il n'avait pas assez d'argent pour son bonheur.  

Je partage sa peine. Au fond, nous cherchons tous à réussir notre vie. Nos repères sont différents, certes, mais nous luttons tous contre cette forme de solitude et cette inertie. Nous tentons de nous rapprocher au maximum de ce feu passionnel et vibrant qui nous anime intérieurement, au travers  le rêve, l'ambition, la liberté...Jenish me demande de lui parler de moi, de mes enfants, de mon travail. Je ne sais pas vraiment pas quoi commencer, il y a tant de choses à dire. Je sens dans ces yeux que ce qu'il cherche au travers mon récit, c'est le rêve d'un ailleurs, un espoir dans un monde nouveau, un filet, une bouffée d'air, un élan fondé sur d'autres repères que les siens. Il semble envier ma profonde liberté. Il a raison. 

Son sourire est rayonnant, son aura me traverse. Je suis touchée par son histoire, par sa dignité et sa pudeur. Une puissante rencontre à quelques heures de mon départ.

Nous n'avons pas vu le temps passer. Il est presque 2h du matin. Nous décidons de repartir vers l'hôtel. Une ambiance amicale règne, malgré le silence qui s'impose.

Alors que nous passons le seuil de la porte, je le laisse à sa destinée. Jenish va terminer sa nuit sur le canapé de l'hôtel, près de son collègue qui s'est endormi depuis longtemps. 

Bonne nuit Jenish. Fais de beaux rêves... 


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