Le 17 Octobre,
Le soleil se lève et se couche chaque jour. Pourtant, ce matin c'était différent, je me suis levée avec lui. J'ai assisté à la naissance des premières lueurs du jour, laissant peu à peu les montagnes enneigées se dessiner à l'horizon. J'ai vu se peindre devant mes yeux, une aquarelle aux couleurs bleutées, roses et violettes sur cette mer de nuages qui se tenait devant moi. Malgré les nombreuses personnes qui m'entouraient pour vivre cette même magie, j'ai eu l'impression d'être seule au monde.
Cet astre est un cadeau de la vie, et l'immensité s'en réjouit. La beauté de l'aube se diffuse sur tous les éléments de la nature, venant ainsi coiffer, dans un doux rythme, les branches des arbres, les montagnes, et chaque personne qui le regarde. Notre présence l'honore, et je me dis à cet instant encore, que je suis véritablement à ma place, ici et maintenant.
Nous avons immortalisé ce moment d'une magnifique photo qui restera l'un de mes plus beaux souvenirs népalais. Quelques heures après notre ascension, nous sommes redescendus au village de Ghorepani. L'heure est venue de nous séparer. Je sais que je ne reverrai jamais Manjoy, et peut être pas plus Matthias, et Guillaume. La nostalgie d'un aurevoir qui ouvre la porte à l'instant d'après. J'ai confiance en la vie, je sais que ces rencontres, celles qui transforment, il y en aura bien d'autres. Merci à eux pour ce qu'ils m'ont apporté. Gratitudes pour ces instants intenses et lumineux à leurs côtés.
Après le petit déjeuner, nous avons repris la route avec Mohan, direction Tatopanie. Une petite journée de marche, tout au plus. Le soleil était présent, et il nous a accompagné jusqu'à notre arrivée. Je me rends compte que mes chaussures sont enfin sèches, et mes vêtements moins humides.
Mohan est derrière moi, plusieurs mètres plus loin. je crois que ses conditions physiques sont malmenées aujourd'hui par les milliers de marches que nous descendons. De mon côté, mon corps s'est habitué à porter ces 15 kg sur le dos, mon ampoule est moins douloureuse et mes genoux préfèrent que je les soutienne avec mes bâtons de marche.
Ces premières heures sont agréables, pourtant je trouve le moyen de tomber (si Mohan m'avait vu!) Une légère douleur à la cheville du pied droit se signale à moi. Sans doute une petite entorse. Mais je sais qu'il reste plus de 6 jours de trek, alors je tente d'accepter ce désagrément.
Les derniers kilomètres pour arriver au village sont moins agréables. Nous nous retrouvons sur la piste des gip, des bus et des camions. Une piste fait de cailloux, de sable et de poussière. Chaque passage de véhicule est un supplice, tant la poussière et la pollution sont brassés. La présence de l'homme vient heurter le sentiment de calme et de paix que l'on trouve en pleine nature. Je marche désormais avec un masque, des lunettes de soleil et le bonnet. J'ai hâte que l'on arrive tant les conditions sont mauvaises.
A notre arrivée à l'hôtel, j'ai eu besoin d'être seule pour le reste de la journée. Je crois que Mohan a compris, puisqu'il est parti prendre un bain dans les eaux chaudes et est revenu à la nuit tombée.
J'ai eu besoin d'écrire, de lire, de méditer et d'appeler ma famille. Je me trouve dans la petite cour de mon hôtel, un lieu calme et charmant (extérieurement). Ma chambre est...bon passons. Je suis sortie visiter ce petit village (rapidement, il n'y avait qu'une seule rue). J'ai erré, avant de revenir et de profiter, l'esprit léger, de cette petite terrasse ombragée. J'y suis restée jusqu'à la nuit tombée, au son des oiseaux, des gens de passage. Le parfait endroit pour ressentir et vivre le silence intérieur. Un pas vers plus de présence, un pas vers plus d'amour ...
Avant de me coucher, je me suis rendue compte que ma cheville était gonflée, une entorse, c'est sûr maintenant. Sur le plan symbolique je me questionne. Qu'est ce qui me fait chuter, qu'est ce qui m'empêche d'avancer ou me freine? Je sais que la mauvaise organisation de Mohan me rend méfiante pour la suite. Mais peut-il faire autrement?
Allez Carole, fais lui confiance, et je suis certaine que ta cheville en sera allégée.
Demain, à 7h, nous prenons le bus en direction de MUKTINATH (le plus haut village avant le col du Thorung). Faire confiance, faire confiance, faire confiance....
Le soleil est couché depuis bien longtemps, je décide de faire comme lui.
Belle et douce nuit.
